Caché à la vue d’un portail, un chat prend soudain la parole.

-      Avec toute cette agitation devant le portal, je pense que se sont eux, ils sont enfin, rentrés. Ils vont voir ce que je pense, moi, de leur escapade, je vais leur faire le coup du gosse vexé.
 -      Je monte vite sur mon arbre, c'est un vieil avocatier qui est devenu grand, énorme. Il me facilite la vie. Je saute sur le tronc à partir de cette pierre-là et je grimpe facilement jusqu’au balcon. Pour m’aider, mon maître a cloué une planche, elle me permet de franchir le vide entre l’arbre et le muret et surtout de me faire les griffes.
 -      C’est bien ce que je pensais. Les volets sont grands ouverts, je dois d'abord vérifier que ce sont bien eux. Les valises sont dans la grande pièce, vides. Il faut toujours vérifier, il ne faut pas oublier « que chat échaudé craint l’eau froide ».  Ils ne m’ont pas aperçu. De mon repère, j’ai une vue sur le studio et le jardin tout en bas avec cet horrible chien noir, un vrai malheur pour moi car j'ai jamais pu visiter le bel appartement qui longe la grande terrasse. Oh, ce n'est que parti remis !

 Heureusement, il a un compagnon, plus âgé avec lequel j’ai sympathisé. Lui, il a bien voulu me servir de guide lors de mon arrivée et nous sommes toujours comme deux lurons en fête.

 

J'ai de la chance, mes maitres sont occupés à ranger leurs affaires. J’ai le temps de mettre de l'ordre dans ma fourrure  Il faut qu'ils me retrouvent à mon avantage, moi le chartreux angora, pure race d'après leurs amis qui m'ont déposés dans un panier au milieu de la cuisine un jour de Noël. 
 Je les ai même entendus dire que j'étais un cadeau extraordinaire, une vraie boule de coton grise, un rayon de soleil, de vie qui sera bien chez lui dans ce jardin, ce merveilleux coin de paradis.
Ils disaient vrai, dès mon arrivée, j’ai pris possession de ce lieu idyllique plein de coins secrets, d’arbres, de végétation au bout d’un chemin presque pas goudronné, devenu étroit et sauvage. Il faut dire que je m'amuse comme un fou, libre comme l'air je passe à travers la grille de la porte d'entrée cherchant-là un oiseau, ici une souris que je leur offre encore chaud. Au début, ils me regardaient comme si j'étais un sauvage. Puis avec le temps je suis devenu leur grand chasseur, le fauve du chemin de l'Élysée à Nice.

 

Au détour d’une de mes promenades sur mon territoire, j'ai rencontré la belle, que dis-je, la magnifique tigresse de la villa du haut. En effet, Elle a un manteau couleur de feu qu'il fait bon frôler au détour d'un échange de bonnes manières, de galante chatterie.
Elle regrette qu'une chose que sa maîtresse lui ait fait mettre par un soi-disant ami des bêtes une puce électronique.
Pour l'embêter, je la traite parfois de robot-chatte, le premier chat connecté.
Alors, elle me lance un de ses regards foudroyants qui me donne froid dans mon pelage. C’est mon béguin, ma belle à moi. Attention à qui lui feraient les yeux doux !

 
Et voilà, je pense à mille choses et voici que s'avance ma maîtresse. Je ne peux plus me cacher perdu la surprise !
Les voici qui me caressent me parlent de leur retour, me présentent des croquettes comme si j’étais à vendre.
Je feins l'indifférence, je les sens pas de doute, ce sont bien eux. Je suis rassuré maintenant mettons fin à ces retrouvailles épuisantes. Je m'éloigne en leur tournant le dos

 -       Alors minou comment vas-tu ?
 -      Comment je vais mais très mal ?
 -      Je sens qu’il est vexé, bonjour la bouderie. Dit mon maitre
 -      Quoi, vous m'avez abandonné sans aucun remords et vous voudriez que je fasse comme si rien ne s’était passé ?
 -      Oui, c’est bien lui, notre minou avec ce caractère d‘indépendance bien prononcé.
 -      Maintenant que vous êtes de retour, eh bien, je vous snob. Je vais me mettre dans le coin là, assez loin et pas trop quand même.

Je détourne la tête en vous ignorant. C'est tout ce que vous méritez me dis-je, rassurer et ronronnant, bien heureux que tout soit redevenu comme avant.

  Michel, 13 mars 2024

MOI, MINOU…